Nous sommes arrivés en Asie il y a environ une semaine. Après quelques jours passés dans une île de Thaïlande puis dans la région côtière du sud du Cambodge, nous n’avons fait que quelques pas dans ce pays, côtoyé plus que rencontré des Cambodgiens. Ce matin du mois de février 2020, 2ème jour de notre présence à Phnom Penh, capitale en chantier où se mêlent pour ne pas dire s’entrechoquent les tours ultra modernes venant de sortir de terre, les maisons de l’époque coloniale, plus ou moins décaties, et les cabanes traditionnelles en bois et/ou tôle dans des avenues et des rues aux trottoirs défoncés pour les ¾, envahies pêle-mêle de tuktuks, motos, gros 4x4 et autres SUV, nous pouvons être un peu pris de tournis et désorientés. Nous avons rendez-vous avec Jean-Louis, Marie-Laure et Touch à l’embarcadère du traversier pour aller sur l’autre rive du Mékong dans un des quartiers parmi les plus défavorisés de la ville, où agit Nouvelles Pousses.
Nous allons d’écoles en dispensaire en passant par une petite station de transformation de l’eau en eau potable, et chez une famille. Nous apprécions les réalisations permises par Nouvelles Pousses : dans les écoles, les classes au sol carrelé, les toilettes et les lavabos pour les enfants, à la hauteur même des plus jeunes, les jarres récupérant l’eau de pluie qui sert pour le fonctionnement des toilettes, les brosses à dent et les gobelets pour chaque élève, une classe de maternelle dont l’institutrice est rémunérée par l’association, les livres disposés sur les rayons du centre de documentation / bibliothèque, etc… Dans le centre de soins, la rencontre avec la sage femme responsable, la salle de travail et d’accouchement avec les tables et le matériel nécessaire, aussi pour les premiers soins au nouveau-né, les salles de consultation et de soins. Dans la station de traitement de l’eau le système de filtration puis la mise en bonbonnes distribuées quotidiennement aux familles et aussi aux écoles. Chez la famille aidée par Nouvelles Pousse l’installation du bloc sanitaire dans un coin de la cour à proximité de la maison.
Par crainte d’être « voyeurs » nous avons le souci de rester le plus possible discrets. Partout les rencontres sont touchantes, très émouvantes.
Les regards intrigués et pleins de curiosité, les visages ouverts, les sourires, l’énergie et la joie contagieuse des enfants qui récitent et chantent dans leur classe ou bien jouent dans la cour de leur école. Le souci des adultes de faire le mieux possible pour les enfants.
La présence sereine et consciencieuse des personnes travaillant au dispensaire au suivi des futures et jeunes mamans et des enfants.
A la station de traitement de l’eau l’affairement du couple qui charge les bonbonnes dans une remorque accrochée à une moto pour la distribution aux familles. Cette activité est devenue pour eux une source de revenus appréciable.
L’accueil souriant de la famille qui est occupée à écorcer des tiges de papyrus, qui seront tressées après avoir été teintées pour faire des nattes. Simplicité, dénuement matériel et chaleur des regards.
Attention aiguisée et bienveillante de Jean-Louis et Marie-Laure qui prennent des nouvelles de tous, s’informent sur l’état et le fonctionnement des locaux, et des installations, écoute et anticipation des besoins. Présence souriante indispensable et dynamique de Touch qui introduit, rapporte les difficultés et traduit les demandes (étagères, livres pour les enfants, comblement des trous sur la dalle en ciment devant les classes, peinture de la salle de soins, etc.) dont Jean-Louis sait rapidement apprécier l’intérêt, le coût, la faisabilité.
Nous avons eu beaucoup de chance de passer cette matinée avec Jean-Louis, Marie-Laure et Touch. Nous sommes enthousiastes et admiratifs devant ce qui a été mis en place, la tâche accomplie, la manière concrète d’agir au plus près de Cambodgiens qui le nécessitent et selon leurs besoins, l’organisation que cela demande, et surtout les qualités humaines. Et avons bien conscience que cela demande aussi de l’argent. Nous savons qu’il est bien dépensé.
Nous avons mesuré ce que Nouvelles Pousses permet avec ses réalisations au Cambodge dans des quartiers pauvres : aux enfants d’apprendre les savoirs fondamentaux, aux femmes d’avoir un suivi de grossesse et un accouchement dans des conditions correctes, aux familles de boire de l’eau potable et d’avoir des sanitaires pour limiter les maladies. Choses si évidentes pour nous dans nos pays riches et vraiment essentielles pourtant…
Nous les remercions très sincèrement de nous avoir accueillis pour cette visite si enrichissante et éclairante. Merci aussi à Guy et Marité de nous avoir mis en contact.
Quand nous écrivons ces quelques mots nous sommes confinés et nous pensons particulièrement aux personnes que nous avons rencontrées au Cambodge, aux familles, aux enfants, dans cet état de crise sanitaire grave. Espérons qu’ils trouvent les ressources nécessaires pour la traverser le mieux possible.
Dominique et Thierry
Avril 2020
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